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White – Bret Easton Ellis

Ce n’était pas prémédité, mais étant tombé il y a peu sur un exemplaire du White de Bret Easton Ellis, il se trouve que j’ai commencé à le lire un peu avant le psychodrame de la semaine électorale américaine et que je l’ai terminé un peu après.

J’ai lu les autres bouquins d’Ellis, j’en suis même assez friand. Je trouve à chacun de ses romans, depuis « Moins que zéro » que j’ai dévoré il y a bien longtemps, qu’il arrivait à saisir une forme de nihilisme contemporain de son époque. Ses personnages observent le monde, dans une forme d’ennui vaguement froid, mais Ellis décrit le décrit avec du drôlerie pince-sans-rire savoureuse.

Je dis « ses personnages, » mais j’ai l’impression qu’il a toujours été assez proche de l’autofiction. Même s’il les embarque parfois dans des rebondissements incongrus (et peut être fantasmés), ils ont son âge, semblent assez proches de sa vie, de son milieu, de ses préoccupations. Et plus ses livres défilent (peu, finalement, 5 romans et un recueil de nouvelles en plus de 30 ans), plus cette frontière est floue, jusqu’à Lunar Park en 2005, dans lequel il en joue ouvertement.

White est considéré comme son premier « Essai », puisqu’effectivement ici nous ne sommes pas dans la fiction. Mais si Ellis parle cette fois de lui sans intermédiaire, on retrouve instantanément le ton et le style de ses romans. Ses rencontres, le name dropping incessant, la façon dont il parle de musique, de films, d’auteurs, tout cela, on le retrouve ici. Mais le « je » est assumé.
Et la lecture est toujours aussi plaisante.

Piquante, agaçante aussi quand il discoure sur les SJW, les réseaux sociaux, la politique, la forme d’aboutissement de la société du spectacle via les réseaux sociaux, l’autocensure instaurée par le like, la valeur des oeuvres à l’heure où tout est disponible, le « c’était mieux avant » et le « on ne peut plus rien dire », les médias libéraux dominants.
Mais on a l’impression qu’il en joue, un sourire au lèvres. On ne sait pas si l’époque le déçoit, l’agace, le blase ou l’amuse. Sans doute un peu tout ça à la fois.

Et il parle de Trump, donc. Il en avait déjà beaucoup parlé, puisque c’était l’idole du « héros » d’American Psycho en 1991. Et il termine avec Kanye (le livre a été écrit avant qu’il ne soit candidat à la présidentielle), son soutien au Donald, son inadéquation supposée à l’époque.
En lisant ces pages, on comprend mieux la victoire de Trump en 2016, en tout cas sous un angle que je n’avais pas perçu. Ellis s’étonne de l’hystérie qui l’a accompagnée. Et si ce n’est pas dit ici, on conçoit aisément l’envie d’une sorte de retour au calme qui a accompagné celle de Biden.

Finalement, on n’est souvent pas d’accord avec Bret Easton Ellis, à la lecture de White. Mais peut être en serait-il satisfait, justement.
Et en tout cas, sa lecture reste un bon moment. Et donne l’envie d’un nouveau roman.

3 Comments

      1. comme toujours avec BEE, ça pique et ça fait mal, peut-être pas autant que d’habitude, mais c’est salutaire et ça donne à réfléchir. Alors oui, plutôt séduite, même si ce n’est pas forcément son meilleur. On va dire un BEE mineur sur une problématique majeure.

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