Ça faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de participer à une émission de radio. Je n’ai donc pas hésité au moment de la proposition de RCF / Rédio Jerico de venir faire le chroniqueur dans l’émission Kif Kif dédié à la culture en Lorraine et enregistrée simultanément en duplex de Metz et Nancy.
J’y suis donc allé et j’ai choisi un sujet qui me tient évidemment à coeur : la reprise des concerts, et notamment des concert dans les bars. J’y ai évoqué le chouette concert de Thibaut Sibella au Bénitier la semaine précédente (je n’ai même pas fait exprès de parler du Bénitier sur Radio Jérico… encore moins du Hellfest, j’espère qu’ils me laisseront revenir), et le festival les Irréels qui se déroule à l’Aérogare fin octobre.
Tu peux donc réécouter l’émission ici. Je te livre également le texte de la chronique ci-dessous, qui finalement ne ressemble plus vraiment à ça à l’arrivée, mais c’est le charme de l’improvisation à la radio 🙂
La semaine dernière, je suis allé voir un concert dans un bar.
Dit comme ça, ça semble n’avoir rien d’exceptionnel. D’ailleurs si j’avais introduit une première chronique de cette manière l’an dernier, nos auditeurs auraient sans doute pensé : « il n’a vraiment pas quelque chose de plus intéressant à raconter ? »
Mais voilà, le coronavirus est passé par là, et aujourd’hui un certain nombre de nos habitudes, de sorties qui nous semblaient naturelles ont pris des airs d’épreuves insurmontables. Pour moi, aller voir des concerts, et notamment dans les bars, était effectivement l’une de ces habitudes régulières. D’autant que nous étions plutôt bien lotis, de manière générale, du côté de l’offre de concerts à Metz. Aux bars il fallait ainsi ajouter bien entendu les salles de la cité musicale (Arsenal, Trinitaires, BAM), l’Opéra Théâtre, le Château 404 (hélas fermé depuis le début d’année) et j’en oublie sans doute. Chaque semaine on pouvait ainsi souvent faire son choix parmi plus d’une dizaine de concerts différents à Metz.
Et les bars, les cafés concerts participaient activement à cette offre.
Comme je le disais donc, ça n’aura échappé à personne, la CoVid est passée par là. Et aujourd’hui, bien courageux sont donc les bars qui se motivent encore à organiser un concert. La semaine dernière j’ai donc eu la chance de pouvoir voir Thibaut Sibella dans un nouveau bar, Le Bénitier, (qui a ouvert rue Sainte Marie à Metz en août dernier).
Thibault Sibella on a déjà pu l’entendre dans d’autres groupes, le métal énervé de Tess ou la folk enthousiaste des Yokel, deux groupes messins dont la notoriété a largement dépassé les frontières de la région. Samedi dernier Thibault jouait en solo, accompagné de sa guitare et de percussions. On était encore dans la musique folk, avec une voix parfois douce et parfois pleine d’énergie, un jeu de guitare simple et efficace. Quand on écoute Thibault Sibella, et notamment ce soir là, on imagine plutôt ses origines du côté d’un bayou en Louisiane que d’une rue messine.
J’ai donc eu la chance de voir ce concert joyeux et énergique. Je dis la chance parce que le concert était très bon (je vous encourage à aller voir Thibault ou les Yokel dès que vous en aurez l’occasion) mais aussi parce que les quelques places assises du bar ont vite été remplies. Puisque c’est le problème d’une organisation de ce type dans un bar en ce moment : tout le monde doit être assis, et une fois les places assises prises, eh bien on refuse du monde. Et bien entendu, l’équilibre économique d’une soirée s’en ressent, pour l’organisateur du concert.
Alors on peut se dire que ce n’est pas si important, finalement, les concerts dans les bars, qu’on peut s’en passer. Mais tant d’artistes y ont fait leurs premières armes, avant de monter sur des scènes plus grandes, bien plus grandes. C’est une passage quasi obligé dans un début de carrière. Et ça fait partie de ce grand écosystème des musiques actuelles qui semble bien fragile aujourd’hui, que ce soit des bars jusqu’aux plus gros festivals. Il y a peu, le directeur du Hellfest, l’un des plus gros festivals français évoquait son inquiétude, déjà, pour la tenue de son édition de juin 2021…
Alors l’objet de cette chronique n’était pas de se lamenter sur un situation difficile, mais plutôt saluer les efforts d’acteurs comme le Bénitier, qui se démènent pour continuer à organiser des choses. On pourra d’ailleurs y retrouver Axel Tancray, pour une soirée plutôt piano jazz le 13 octobre. Le Troubadour, rue du pont des morts, s’y risque aussi, avec une jam session des Charlatans le 30 octobre.
Er puis on peut évoquer quelques dates à venir dans les salles de la Cité musicale : ma sélection toute personnelle serait LAAKE, un pianiste qui se confronte à la musique électronique. Ça sera samedi soir à la BAM. Et puis un concert de l’Orchestre à l’Arsenal, tiens, le concerto pour violon de Sibelius et la 5e de Beethoven, ça sera jeudi 15. Et l’incroyable duo Kompromat, composé de Vitalic et Rebeka Warrior, le 24, à nouveau à la BAM. Ils font deux sessions, en assis, puisqu’évidemment le concert aurait dû remplir une BAM debout. Et beaucoup d’autres dates que vous retrouvez ça sur le site de la Cité musicale. Chapeau bas aux équipes de tenir un planning aussi dense d’ailleurs étant donnée la période.
Enfin on peut s’attarder sur l’Aérogare, la salle menée de main de maître par Hervé Pfortner, qui a recruté il y a peu Julien Emel à la programmation. Une salle indépendante, quasiment sans subvention publique, qui parvient à tenir un rythme effréné de 3 à 4 spectacles par semaine.
Ils vont même jusqu’à organiser un mini festival fin octobre, les Irréels, avec notamment Michel Cloup (duo) le 21 et Claire Di Terzi le 22, deux très beaux concerts à venir. Là aussi, allez suivre leur programmation sur leur site internet.
Donc voilà, tâchons de soutenir toutes ces initiatives, les organisateurs le méritent largement.
Et même si l’on est assis, même si l’on est masqués, ça fait vraiment du bien de voir de la musique en live.
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