Zéro Degré - Les écrans (EP)
We Are Unique Records / Le Kit Corp. (2004)
polystyrene n°89 – septembre 2005
Baisse de température. Des mots sussurés, des blips électroniques et quelques notes de guitares : Zéro Degré, projet du messin Nicolas Tochet, plonge l’auditeur dans une musique dérangeante et pourtant séduisante.
Nicolas Tochet est un musicien incontournable à Metz. Il fait partie de (presque) tout les projets excitants de la ville. Membre du très remarqué combo post rock tendu Melatonine ou du collectif Le Kit (qui est aujourd’hui également un label), il pratique la musique, d’abord secrètement, en solo depuis quelque temps, équipé de quelques instruments (basse, guitare) et d’un sampler. Ses premiers morceaux sont distribués via le net, puis sortent enfin en CD distribués sous le manteau. Les écrans est son premier véritable disque, un EP, mais très bien fourni car comportant des remixes de Lunt, Dolibox ou encore King Kong Was A Cat… Sur des musiques délicates, déstructurées, faites de sonorités électroniques et de samples, il susurre des paroles désabusées en Français. Il Fait frisquet du coté de chez Zéro Degré, ses compos intimistes font preuve de sobriété, voire d’austérité, rien que dans le choix de ses titres (1:06, par exemple, est un morceau de… 1,6 minutes). Pourtant son univers n’est pas hostile, loin de là, il fait songer à celui, angoissé, de Jérôme Minière, Expérience, Encre, en moins oppressant, en plus personnel.
etherreal – septembre 2005
Nicolas Tochet, bassiste au sein de Melatonine, mène en parallèle un projet solo sous le nom de Zéro Degré. Un premier EP auto-produit en 2002, puis ce deuxième EP sorti par Le Kit Corp., agrémenté de quelques remixes pour parvenir à la durée d’un véritable album.
On profite ici de son prochain passage parisien pour revenir sur ce disque étrange et plein de qualités.
Etrange, tout simplement parce que divisé en deux partie distinctes, à commencer par les 8 titres de l’artiste pour 22 minutes, puis 35 minutes pour 5 remixes qui prennent le temps de se poser.
Commençons donc par Zéro Degré à proprement parlé. Mélange électronique et guitare, cassures rythmiques et voix murmurée, Nicolas Tochet est toujours sur la corde raide entre électronique expérimentale et post-rock mélancolique. On oscille ainsi sans cesse entre des expérimentations qui pourront s’avérer parfois un peu difficiles, une recherche d’abstraction, et des mélodies plus immédiates et fort réussies (Child ou …). Assez régulièrement, l’artiste pose sa voix un peu à la manière de Yann Tambour au sein de Encre, comme un doux murmure racontant ses doutes et ses peines (Le réveil est difficile). On retiendra également N pour son original mélange d’une rythmique précise et minimale avec un piano, le travail rythmique de [1:09] nous rappelant Radian, ou … pour ses fractures bruitistes.
Du côté des remixes aussi, on trouve de belles surprises, et certains feraient presque de l’ombre à Zéro Degré. Lunt par exemple met en avant une l’ondulante nappe de guitare et orgue de Le réveil est difficile sur une longue et lumineuse intro, avant de revenir à la formule guitare/basse/batterie de la version originale, en noyant un peu les voix. Tohu-Bohu ensuite s’amuse habilement avec les samples de voix d’enfant de Child et propose une version plus électronique tout en gardant l’esprit Zéro Degré avec bruitages électro-expérimentaux et belle mélodie de glockenspiel. King Kong Was A Cat compile deux morceaux, mais se contente un peu trop de creuser le sillon de Nicolas Tochet avant d’ajouter des textures bruitistes sur un final plus tendu. Sug[R]cane reprend Child et semble également inspiré par cette voix d’enfant à qui il inflige quelques mauvais traitements, puis une rythmique électronique assez soutenue fait son apparition sur un dense et répétitif magma sonore cachant un petit manque d’inspiration. Niveau répétitif, Dolibox s’y connaÓt avec une version tech-house du morceau-titre dont on se lasse assez vite.
Malgré une fin de disque un peu plus faible, Les Ecrans reste un très bon EP, et Zéro Degré un artiste à suivre.
Fabrice Allard
nameless – mars 2005
Que voilà une drôle d’idée d’associer sa création à un niveau plane comme ce Zero Degre, à moins que l’humilité du musicien ne puisse souffrir d’une quelconque surévaluation de son travail. Actif dans un premier temps au sein de Melatonine, tendance post rock, Nicolas Tochet rassemble sur Les écrans une première partie de ses compositions personnelles accompagnées pour l’occasion par 4 remixes d’amis (Sugarcane, Lunt, Tohu-bohu et Dolibox ). Du post rock il n’en reste pas grand chose sur ce Ep et c’est tant mieux. Plutôt attiré par un minimalisme électronique au relief vocal tout aussi malingre, le décor rappelle bien s˚r Encre, une référence qu’il sera difficile de renier tant le matériau s’apparente à la touche de Yann Tambour. Cependant cette connexion ne limite en rien l’attrait des …crans, le Ep trace des lignes entrecoupées d’échantillonnages sur fond bouclé ( instruments, voix d’enfant,Ö) tout en évitant de sombrer dans, ce qui est souvent le cas dans les premiers pas solitaires, le trop. Nicolas Tochet a la pudeur suffisamment accrochée à sa raison pour que Les …crans ne tombe pas si facilement dans l’oubli, à revoir sous peu toujours en solo j’espère.
magic! n°87 – février 2005
Evolution. La retenue des textes de Nicolas Tochet illumine ce filet de voix au timbre p‚le, tourné vers l’intérieur. La voix est un motif musical, un élément de montage au m’me titre que les autres instruments. Copier-coller entre les beats électroniques et le tournoiement des basses, cette parole pèse pourtant de tout son poids dans un univers penché vers le documentaire, la narration. Nicolas nous livre, par bribes, un peu de son histoire. Sous le nom de son projet electro 0°, il entame cet hiver un blog – l’ironie d’une chaudière en panne au mois de décembre ne manque pas de le faire sourire – et sort un nouvel album, Les Ecrans, soutenu par Le Kit Corp. Illusoires, aliénants, les écrans dont il est ici question fantasment un réel sécurisant, au mouvement horloger. Sur fond d’une rythmique à la régularité clinique, une basse berce le morceau, trompe la vigilance. Mais les écrans sont alors ceux qui se déchirent, à la faveur d’un hasard sublime, d’une rencontre véritable, d’un miracle. A la suite des premiers morceaux de 0°, l’album se poursuit avec un ensemble de remixes, qui donnent une habile relecture de cet univers original, très personnel – comme si les compositions n’allaient pas tenir en place, mais plutÙt, telles des plantes vivaces, adhérer à la surface, profiter des aspérités et des détails pour irrémédiablement croître et évoluer.
à decouvrir absolument – janvier 2005
Il y a de la vie. Bordel il y a de la vie dans les écrans. Pas dans les votres, là où on prophétise la mort. Non chez zéro degré, la vie y est chaude, elle respire, elle est en danger, elle aime, elle existe. Ah oui le réveil est difficile, rude, on y croyait tous à ce qu’ils disaient (c’est qui ils ?) on ne pensait qu’à cela d’ailleurs. Mais il n’y avait pas la vie, on en dessinait les contours floues, face à notre regard malade. Bonjour la vie et pas merci pour aimer ta súur la mort, mais hein de toutes les façons on finira nos phrases ainsi, de tout façon, on jurera au grand dieu que l’on existe autrement que dans l’écran. Zéro degré est avare, il cuisine il consigne, fait des achats payant, pèse la marchandise, ne disperse pas les lignes, ne fait pas des noeuds, il joue juste, juste et bien, parallèlement à un programme froid mais ambitieux à la vie. En voyant la mort ici un ange a décidé de s’immoler (c’est con un ange) en regardant par la fen’tre un enfant a couru pour jouer dans l’herbe (c’est beau et vierge un enfant). Une esquisse de vérité est ici, elle tend à la main car elle est bien mal en point la vérité, zéro degré lui continue à essayer de la réanimer. On recherche et on va trouver car il y a de la vie ici, nos espoirs sont aussi les siens. Plein d’espoir.
soit dit en passant – décembre 2004
Faites bien attention, ZERO DEGRE ne va pas tarder à être partout. Sa sauce savante entre electronica et post-rock parcourt de jolis paysage à la poésie délicate ; ce faux EP (13 titres) « Les Ecrans » est un petit must-have du genre.
liability – décembre 2004
Deux ans après un premier EP autoproduit, Zéro Degré sort Les Ecrans, sur Le Kit Corporation,- le collectif s’étant transformé en mini-label. L’aventure solo de Zéro Degré (Nicolas Tochet) commence -alors qu’il participe à divers projets comme le fabuleux groupe Melatonine en tant que bassiste, ou Le kit ñ par du bidouillage maison.
Les expérimentations soniques de Zéro Degré ont donc à ce jour donné naissance à deux albums. Le dernier en date, Les Ecrans, donne un sens ambitieux au travail de la mélodie et des sons. Entre électronique et post rock ,les boucles de guitares, de basse et de machines créent un univers froid et pourtant humain. A l’instar d’Encre, Téléfax, Thomas Méry ou autres Berg Sans Nipple, Zéro Degré a réussi à composer un album dont la puissance est remarquable. La musique expérimentale est l’occasion d’une qu’te des sens par le biais de la musique, davantage que d’autres genres. Les Ecrans ne manquent pas à cette obligation tacite. Les boucles hypnotiques et répétitives, auxquelles s’ajoute un chant discret mais charmant, provoquent un écho en notre personne, physiquement. C’est là le résultat de cette musique si proche et lointaine de nous, dont chaque morceau de l’album crée un univers différent. Le choix et le poids des mots presque chuchotés ajoutent au sentiment de proximité que procure Les Ecrans. Les remix présents sur cet EP font preuve d’une originalité flagrante, et nous transmettent un certain dynamisme.
La musique de Zéro Degré me rappelle celle de Sylvain Chauveau, dans le sens où elle dépasse l’entendement. Plus que de simples morceaux qui peuvent satisfaire ou non, elle est source de sensations et d’émotions.
Noémie
infratunes – novembre 2004
Les Ecrans EP s’appréhende comme un réveil difficile. Lever d’oreille paresseux… Voilà, Áa y est, on agrippe une note du morceau titre, une boucle concrète qui hésite à rythmer les mots dits de Zero Degré. Un piano caresse la mécanique qui se dérouille, Melmac n’est pas loin. Et voici Le réveil est difficile justement, qui permet de gagner doucement l’état conscient ; une batterie frottée, déjà plus assurée, pose le premier pied à terre. On émerge. Pour mieux s’immerger ensuite, dans un disque qui se révèle vite prégnant, entre post-rock, spoken words francophone, et électronique.
Jamais gratuit dans ses essais expérimentaux, 0° développe un catalogue d’humeurs intimes et grisées (Nos espoirs, proche du spleen d’un Sylvain Chauveau) ou grisantes, comme l’étonnante révision electro-minimale par Dolibox, qu’on espère voir traÓner dans le dj bag de Chloé. Ou encore, ce décollage moite et acide de l’hymne Au dehors, enrichi ici par King kong was a cat. Pauses, brouillages, re-combinaisons construisent un ensemble fragmenté et r’veur, urbain et poétique. Il suffit d’écouter les superbes déclinaisons de Child (qui devrait ravir les auditeurs de Boards of canada) pour en saisir le pouvoir d’envoûtement.
« La déception est toujours à la hauteur de nos espoirs », murmure Nicolas sur un titre. Nous attendions ce disque avec espoir, pour la déception, on repassera…
zetracker
benzinemag – décembre 2004
Zéro degré dévoile sa musique étrange et baroque comme un collage d’humeurs dans lequel se mélangent avec harmonie, musique et fragments de vie. Bidouillages, combinaisons de sonorités électroniques et de morceaux de guitares ou de voix, construisent ce ep fragile, agrémenté ici de remixes signés King kong was a cat, lunt, Dolibox, Sug[R]cane et Tohu-bohu.
Par ailleurs bassiste au sein de la formation Melatonine (un album sorti sur Unique Records) Zéro degré (Nicolas Tochet à la ville) travaille seul avec son ordinateur et sa guitare, à composer des chansonnettes pas trop gaies et assez abstraites qui rappellent, par moment, celles de Encre ou celles d’autres artistes du label Active Suspension.
Découvert en concert lors du festival Cellula indietronica, Zéro degré a sorti un premier ep 7 titres en 2002 tiré à 100 exemplaire sous forme de cd-r. Aujourd’hui avec Les écrans, Nicolas Tochet franchit une nouvelle étape, et dans un registre toujours sous forte influence post-rock/électronica, propose un album en deux parties, difficile à apprivoiser au départ, mais auquel on accordera volontiers du temps pour en saisir toute la subtilité.
De ces collages et autres assemblages divers, ressort d’emblée une certaine froideur, avec une pochette finalement bien à l’image du disque. Un coté lumière froide que vient à peine réchauffer les voix enfantines que l’ont peut entendre sur certains morceaux. Le chant de Nicolas, quant à lui, rappelle un peu celui de Jean Bart ou Jérôme Minière, et accentue l’aspect renfermé et intimiste de l’album. Un album finalement simple, pas hermétique pour deux sous, à la musicalité évidente, qui ne se laisse pas attraper facilement. Un disque auquel il faut accorder du temps mais qui se révèlera au final très beau.
Benoït Richard