Ami lecteur, je vais te parler aujourd’hui de melatonine. Non, pas l’hormone, mais le groupe. Et non, pas le groupe auteur de Prozac génération en 2008, mais bien un homonyme dans lequel je tiens la basse depuis maintenant… 16 ans.
Oui, 16 ans déjà. C’est en effet en 1999 qu’après une discussion avec Mathieu Lozinguez, et constatant quelques goûts communs (du côté de Sonic Youth notamment) nous décidons d’aller improviser à la fête de la musique. Je pense d’ailleurs que c’était en mai. Ça se fera à Metz, rue Sainte Marie, devant le disquaire Disc Over, avec deux compères recrutés par l’occasion, qui nous abandonneront bien vite. Avec l’arrivée à la batterie d’Alexandre Oury, c’est donc en trio que le groupe trouve son appellation définitive et qu’un premier album autoproduit, sort l’année suivante. Et depuis maintenant 15 ans, la formule n’a donc pas changé.
Un tournant est sans doute pris en 2003 avec le deuxième album, Les environnements principaux. D’abord, c’est le premier qui soit sorti chez We Are Unique Records, notre label adoré (et fidèle), qui permet au disque de bénéficier d’une distribution nationale (et même un peu plus). Ensuite, c’est le premier de nos albums à avoir recueilli un nombre impressionnant de chroniques dans la Presse Musicale Française de l’époque, à notre grande surprise : Les inrocks, Rolling Stone, Rock Sound, Magic, Mouvement,… (je te colle un petit diaporama en bas de ce billet, tiens).
Musicalement, c’est une période où l’on bricolait un peu plus avec des synthétiseurs, des boîtes à rythmes, et l’on en retrouve un peu partout, sur l’album. Le morceau noircissez en est un bon exemple.
Le beau clip qui illustre ce morceau est l’oeuvre de Sfumato, qui à la même période produiront aussi celui de Seitseman.
Assez logiquement nous faisons un peu plus de concerts à cette période, essentiellement en France. Et, déjà, nous traînons un peu pour donner une suite à ce disque. Elle arrivera finalement en 2007, avec l’album Décembre est un samedi. Sans doute marqués par des concerts où nous avions bien trop de choses à brancher du côté des synthés, nous revenons à une formule basse batterie guitare, assez brute et probablement plus efficace.
Sans que les critiques soient aussi nombreuses que pour le disque précédent, les Inrocks écrivent à nouveau quelques jolies lignes que nous ressortons encore régulièrement lorsqu’il s’agit de décrire ce que l’on tente de faire.
C’est ce jeu physique, cassant, métallique, au bord de l’apocalypse, qui sauve régulièrement Melatonine des petites recettes dociles du post-rock : visiblement, les Messins préfèrent aux simulateurs de vol, tellement courus chez les disciples de Tortoise ou Mogwai, l’ivresse et les frissons glaçants du vol libre.
Et depuis ? Pas grand chose du côté des sorties. Tout juste, en 2011, enregistre t on en répétition ce John Walsh, destiné à la compilation des 10 ans de We Are Unique Records.
Nous aurions presque plus nous en tenir là, d’une certaine manière. 10 ans, pour un groupe, c’est souvent un délai de péremption acceptable. Mais voilà, il se trouve qu’avec ces deux compères, nous continuons inlassablement de répéter ensemble, si ce n’est toutes les semaines, disons tous les quinze jours. Et si souvent le résultat n’est que des heures d’improvisations, depuis quelques mois, des morceaux un peu plus construits émergent. Avec eux, l’idée de les coucher sur un disque, forcément.
Voilà donc où nous en sommes, avec 6 ou 7 morceaux, sans trop savoir si ça ne sera que basse batterie guitares ou réarrangé, ni comment nous allons enregistrer, ni quand. Mais au bout de seize ans, que ce trio existe toujours m’étonne au moins autant que toi, je pense, ami lecteur.
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