Cette chronique est originellement parue dans La Semaine n°460 du 13 février 2014
Il y a un peu plus d’un an, le 23 janvier 2013 très exactement, le Journal Officiel validait dans son très poétique « vocabulaire des télécommunications et de l’informatique » une proposition de la Commission Générale de Terminologie et de Néologie (si si, ça existe). La dénomination mot-dièse remplaçait ainsi hashtag, anglicisme visiblement devenu intolérable pour notre belle contrée francophone.
Il faut dire que début 2013, cela fait déjà un petit moment que le terme est usité de plus en plus régulièrement, essentiellement grâce à Twitter, en pleine explosion en France : le nombre d’utilisateurs y double quasiment chaque année jusqu’à la fin 2012. Et même si maintenant, à l’instar de notre ministre Sapin évoquant la courbe du chômage on peut dire qu’il y a un ralentissement de la hausse, on arrive tout de même à plus de sept millions de comptes français sur ce réseau social. Le principe du hashtag y a été inauguré en 2007, un an après la création du site. Certes, le concept date déjà d’une vingtaine d’années sur d’autres supports bien moins grand public (IRC par exemple) mais c’est essentiellement sur Twitter que le mot-dièse acquiert ses 140 lettres de noblesse. Depuis, Instagram ou Vine les ont intégré dès leur création, respectivement en 2010 et 2012. Même le vétéran facebook s’est résigné à les mettre en place l’an dernier, avec un succès très relatif : on ne change pas aussi aisément les habitudes de son 1,23 milliard d’utilisateurs, après dix ans d’existence.
Le fonctionnement est assez simple : en ajoutant le symbole # devant un mot sur l’un de ces réseaux, on le rend cliquable, et comme nous le dit bien le Journal Officiel : « En cliquant sur un mot-dièse, le lecteur a accès à l’ensemble des messages qui le contiennent. ». Par exemple, en faisant une recherche avec #Lorraine sur Twitter, on retrouve tous les tweets dans lesquels les auteurs ont glissé #Lorraine, indiquant par la même qu’ils traitent du sujet de, je vous le donne en mille, la Lorraine. Et comme je n’hésite pas à braver les méandres des internets pour cette rubrique, je vous livre les résultats de ladite recherche au moment où je rédige cet article : un peu de météo avec un risque de chaussée glissante demain, une information du CESEL ou de l’Université de Lorraine, une info concert… rien qui fasse frémir le chercheur de scoop.
Et c’est d’ailleurs normal : les mots-dièses servent avant tout à suivre une actualité particulière, souvent à chaud. L’exemple typique reste le #jan25 pour la révolution égyptienne qui avait démarré le 25 janvier 2011. Plus localement, #MUN57000 ou #MUN54000 devraient permettre de suivre l’actualité de municipales à Metz et à Nancy.
Voilà pour le hasht… pardon, pour le mot-dièse. Et pour en revenir au terme en lui même, on peut relever que la Commission Générale de Terminologie et de Néologie (ça existe vraiment) avait peut être fait preuve d’un peu de facilité il y a un an. En effet, les mélomanes le savent bien, le # n’est pas un dièse qui se note ♯. Il s’agit là du signe typographique dénommé « croisillon ». Ceci dit, la locution mot-dièse n’est déjà pas très simple à l’usage, alors mots-croisillon… nous aurions même risqué la confusion avec la rubrique de la page d’à côté*, juste à gauche, là.
Edit du 6 septembre 2014
- il s’agissait bien entendu de mots croisés, ami lecteur des internets, qui ne voit pas la page d’à côté du journal.
Le mot-dièse #Lorraine n’est toujours pas réellement dans l’actualité à chaud, là tout de suite, sur twitter : des montgolfières et un robot qui propose des jobs…
Coïncidence : la dernière occurrence pour les mots-dièse #MUN57000 et #MUN54000 sont à chaque fois le 11 avril.
Et à priori, je ne connais toujours personne qui utilise le terme « mot-dièse ».
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