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Culture : la création en temps de crise

Ami lecteur, je te propose une petite pause dans ces billets sur les élections départementales. Bon, autant te dire que du côté de la campagne, on ne peut pas vraiment parler de trêve à Metz : deuxièmes tours tendus dans les trois cantons messins, guerre des droites à Metz 3, la campagne semble partie pour se raidir encore dans l’entre deux tours. J’y reviendrai si j’ai un petit peu de temps. Et si vraiment tu es en manque, tu peux trouver (en dehors bien entendu du Républicain Lorrain ou sans doute de La Semaine de jeudi), des blogs qui analysent deci (un résumé par Le Graoully déchaîné) delà (un billet bien plus lol chez metznancy).

Mais voilà, je propose donc une petite pause. Ce matin avait en effet lieu, à l’Arsenal, une conférence de presse du Collectif du 20 janvier, qui faisait suite à celle qui s’était tenue à la Manufacture il y a une dizaine de jours.

Je ne vais pas te raconter la conférence de presse : Charlotte Picard s’en est chargée avec un livetweet pertinent, je te laisse ici le pdf de l’appel du collectif, et on en retrouvera sans doute des compte rendus dans la presse. Mais au cours des témoignages des uns et des autres (structures, festivals, compagnies) des choses intéressantes ont bien été dites sur les baisses de budget bien sûr, sur le risque direct sur la création, sur les artistes qui la portent (professionnalisation mise en cause, entrée de nouvelles compagnies dans le secteur professionnel, appauvrissement généralisé,…), et les risques artistiques induits sur les oeuvres elles-même, peut être moins visibles (autocensure ou censure sous la pression des financeurs, réduction des productions en personnel et en ambition,…).

Je profite donc de l’occasion pour faire passer ici également ce rappel. Tu t’en souviens peut être, il y a quelques mois, j’avais fait un rapide billet sur la fermeture annoncée du Forum, scène conventionnée du Blanc-Mesnil. C’était une fermeture parmi d’autres, que je voulais lister. Et le manque de temps encore. D’autant qu’une dénommée Emeline Jersol a eu l’heureuse idée d’établir une cartocrise basée sur openstreetmap (l’alternative libre à, notamment, google maps). Je te la colle ci dessous, mais va la voir en plein écran ça sera plus clair (mais reviens après, je n’ai pas fini).

Voir en plein écran

Bon, tu vois à peu près l’esprit : plus d’une centaine de structures et de festivals menacés, pas la peine d’en rajouter. Bien entendu, comme dans tout travail collaboratif, il y a un peu de déchet (on y retrouve par exemple le I Love Techno qui a surtout été annulé pour des raisons de sécurité). Mais le constat est là, les restrictions budgétaires font peser sur les acteurs culturels une menace latente, qui parfois conduit des lieux à l’économie déjà précaire à une fin rapide.

Indéniablement, le changement de majorité d’un certain nombre de villes aux dernières municipales, ajouté aux restrictions budgétaires imposées aux collectivités territoriales est en train de subitement complexifier les relations entre élus et professionnels de la culture. La Gazette des communes, qu’on pourra difficilement taxer d’un gauchisme exacerbé, en fait d’ailleurs un bon dossier auquel je t’encourage à aller jeter un oeil attentif. Les élus font pourtant, pour certains d’entre eux en tout cas, ce qu’ils font pour limiter la casse : en même temps que la conférence de presse de ce matin, le Maire de Metz annonçait la signature prochaine d’un Pacte Culture avec Fleur Pellerin, ayant pour objectif de sanctuariser les budgets cultures affectés à la ville, que cela soit par la municipalité ou par le ministère. Au delà de la sauvegarde d’une ligne budgétaire, c’est le symbole qui est important ici : il faut, surtout dans la période que nous vivons, réaffirmer l’importance d’avoir de la création, de la diffusion de spectacles et de la circulation d’oeuvres, des solutions et des moyens pour que des publics nombreux et différents y accèdent.

D’ailleurs, la réunion du Collectif ne pointait pas les élus en coupables, mais plutôt l’absence de la culture dans le débat public ces dernières années, notamment lors des échéances électorales. Ce n’est pas la campagne en cours qui démentira cet état de fait. Surtout, il apparaît évident que les solutions ne pourront se trouver qu’ensemble : élus, acteurs culturels, publics. Citoyens, simplement.

Tu vois que tout ça, finalement, se recoupe plutôt, non ?

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