Ami lecteur, tu excuseras je l’espère l’aspect un peu brouillon de ce billet. Mais j’hésitais sur le sujet à aborder ici en ce beau dimanche, dernier jour de janvier. Alors je vais en évoquer brièvement plusieurs.
Au départ, je voulais consacrer un billet à cette suppression, par le Conseil Départemental de l’Allier, des subventions aux compagnies de théâtre. Tu peux lire ça dans la presse auvergnate ici (La Montagne) ou ici (France 3 Auvergne). Dans La Montagne toujours, le vice-président chargé de la Culture, du Patrimoine, de l’Enseignement Supérieur, de la Mémoire et de la Jeunesse (ouf), tout en rappelant le contexte d’étranglement des collectivités territoriales (qui est une réalité), objecte aussi que ce n’est pas tout à fait une suppression, puisque les compagnies peuvent prétendre à des « subventions au projet, notamment dans le cadre de l’aide à la diffusion, c’est-à-dire si elles sont sollicitées par les communes ou les communautés de communes pour se produire« . Je pense que ça correspond à ça, sur leur site. On revient un petit peu à ce que, dans notre région, le collectif du 20 janvier a déjà pu évoquer (pour le dire vite, généralisation de l’aide au projet en lieu et place de conventionnements, ce qui laisse moins le temps au développement de vraies créations). Bon, tu me connais, ami lecteur, j’aurais bien fait une comparaison avec les subventions de l’année précédente pour voir. Mais pas de bol, sur le site du Conseil départemental de l’Allier, pourtant assez clair, nulle trace des compte-rendus de séances, ni d’un budget détaillé (tout juste un vague budget 2015 par grands items). C’est d’ailleurs un reproche que l’on peut faire à nombre de sites de collectivités, alors que cette diffusion devrait être une évidence. Pour finir sur ce sujet, je te conseille la lecture d’un article de Fabrice Grenier sur Rue89, bien écrit et un peu triste.
Tiens, puisque j’évoquais juste au dessus le Collectif du 20 janvier (dont je t’ai déjà parlé plusieurs fois par ici), je te signale au passage que ses réflexions continuent comme en atteste la réunion au Manège de Reims lundi dernier. C’est justement au moment où la future politique culturelle régionale va peu à peu se dévoiler que la veille et les propositions du collectif pourront prendre toute leur importance.
Pendant ce temps là, au Blanc-Mesnil, il paraîtrait qu’il « y a de la joie ». Ce n’est pas moi qui le dit, mais le programme et l’affiche de saison du Théâtre 9, qui a remplacé le Forum du Blanc-Mesnil l’an dernier. J’avais consacré un billet fin 2014 à cette affaire pour le moins un peu houleuse. Et tu en as un bon résumé chez Regards, autour de l’acception du mot « populaire ». Et l’on peut se demander si la joie ostensiblement affichée par le Théâtre 9 ne serait pas là pour cacher, avec sans doute même une belle pointe de cynisme, le côté un peu triste de cette histoire.
Bon, ami lecteur, tu vas me dire que le ciel de ce dimanche pluvieux de fin janvier affecte le ton de ce billet. Peut être bien. Il est d’ailleurs peu probable que l’on voie une nette amélioration, puisque les dotations aux collectivités territoriales doivent en 2017 être affectées par la même baisse qu’en 2015 et 2016. En dehors des exemples déjà cités ici il y a quelques mois, on peut continuer régulièrement à en ajouter : Lyon, Grenoble ou plus localement Thionville. Même si d’un côté elle rapporte, la culture coûte, et la tentation de couper dans ses budgets va se faire de plus en plus forte du côté des collectivités territoriales, même si de son côté, l’État essaie de compenser, avec une hausse de 2,9% de son budget pour 2016.
Loin de moi l’idée de plomber l’ambiance. Au contraire même, ces mauvaises nouvelles inévitables en temps de crise ont aussi souvent une capacité à re-mobiliser. À l’image de ces manifestation et pétition dans l’Allier. À l’image du collectif du 20 janvier. À l’image de ceux qui étaient attachés à la programmation antérieure du Forum du Blanc-Mesnil et qui se retrouvent hors les murs pour tenter d’y développer une programmation.
Je dois t’avouer que je ne suis pas toujours convaincu par les modalités de ces actions, mais elles ont chacune le mérite d’interroger notre capacité à penser la politique. Il me semble que la période entière nous y invite d’ailleurs et l’on sent que de ce côté là, il n’y a pas que du côté de la culture que ça se cherche (cf notre primaire, la primaire point org, la transition, la boussole, ou les remèdes contre la gueule de bois politique).
Je reviendrai d’ailleurs sur ces dernières initiatives, ici même, ami lecteur. Pour ma part en tout cas, si la fin janvier appelle encore à la tentation de l’hibernation, tout ça aurait plutôt tendance à me réveiller.
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