Tiens, ça fait un petit moment que je ne t’ai pas parlé centres commerciaux, ami lecteur.
Mais si, tu sais bien, j’avais écrit successivement quelques articles sur le sujet ici même. Tu peux d’ailleurs les retrouver en cliquant sur le tag Centres commerciaux (ce qui semble finalement assez cohérent). Il se trouve que quelques actualités des dernières semaines m’invitent à te reparler rapidement de l’un de ces chantiers qui transforment le commerce de notre bonne ville de Metz : Muse.
Muse est un projet assez colossal : plus de 320 millions d’euros d’investissement privé pour un centre commercial (mais pas que), au sein d’un quartier qui est créé ex nihilo, quasiment en coeur de ville. Début juillet, le Républicain Lorrain nous informait à l’aide d’une série de photos que les grues étaient arrivées sur un chantier forcément assez impressionnant au coeur d’une ville. Tu peux d’ailleurs le suivre en direct via une webcam placée sur le Centre Pompidou-Metz. La fin de chantier est prévue pour la rentrée 2017.
Il y a trois mois, le Républicain Lorrain nous faisait également la liste des marques qui devaient s’installer dans le nouveau centre commercial : des locomotives comme Primark, Burger King, Carrefour Market (4 500 m²) ou Habitat (prévoit on Arnaud Montebourg à l’inauguration ?) mais aussi , Kiko, Bleu Libellule, De Neuville, Kusmi Tea, Eleven Paris, Little Extra, Adidas Originals, Levis Store, JD Sports, Shana, Trésor, Urban Culture, Kaporal 5, American Vintage, Le Temps des Cerises, Jules, Espace Kiliwatch, divers restaurants (Hippopotamus, Ayako Sushi, Hugo’s Restaurant, Dubble, Il Ristorante…). Si la plupart sont des « exclusivités », on notera aussi la présence de quelques enseignes présentes actuellement dans l’hypercentre messin (Yves Rocher, Sephora, Mango) dont certaines surfaces commerciales importantes viennent de se libérer (Jennyfer, Flunch) ou sont en passe de l’être (La Halle). Et on attend également toujours le dépôt à la CDAC par Kinépolis de leur projet de cinéma.
Mais ce n’est pas ici que je voulais principalement en venir, ami lecteur. Il y a quelques jours, les Echos sortaient un papier intitulé Quand les centres commerciaux se prennent pour des galeries d’art. Il s’appuie notamment sur les exemples du Vallée Village, à Marne la Vallée (qui dispose en son sein d’une galerie d’art depuis 2007), mais aussi sur le Centre Beaugrenelle, reconstruit à Paris, ouvert fin 2013 et racheté 700 millions d’euros en 2014 par un consortium piloté par… Apsys, également investisseur principal du projet Muse. À Beaugrenelle donc, Les Echos nous informent que « les architectes Valode et Pistre ont, dès sa conception, commandé une oeuvre monumentale à Xavier Veilhan. Autour de cet espace, labellisé par la Fiac pour sa prochaine édition en octobre, seront exposées une quinzaine d’oeuvres de Loris Gréaud, Kaws, Huang Yong Ping, MadeIn ou Wang Du, le tout confié au commissaire d’exposition réputé David Rosenberg.« . L’oeuvre est ici, si tu veux y jeter un coup d’oeil. Encore un cran au dessus pourrait on dire, les 70 000 m2 du Polygon Riviera vont être inaugurés en octobre prochain à Cagnes-Sur-Mer. Et ici, c’est le confondateur du Plais de Tokyo, Jérôme Sens, qui « a choisi des oeuvres d’une dizaine d’artistes français et internationaux de renom, comme Daniel Buren, Jean-Michel Othoniel, César ou encore Pascale Marthine Tayou.« . Et Jérôme Sans nous laisse avec cette phrase assez intrigante :
il ne suffit plus d’afficher une succession d’enseignes, il faut proposer une manière intelligente de consommer
Je te laisse méditer cette sentence, ami lecteur. En tout cas ça vaudrait le coup de demander à Jérôme Sans ce qu’il entend par là. Même si l’on peut trouver sympathique le fait de rendre un plus agréable la visite d’un centre commercial agrémenté d’oeuvres d’art contemporain, je ne suis pas tout à fait sûr que cela rende notre consommation plus « intelligente », un terme que je réserverais au choix de se tourner vers la consommation responsable, vers une agriculture raisonnée et/ou les produits locaux.
Mais revenons à nos moutons. En effet Muse, situé pile en face du Centre Pompidou-Metz ne pouvait évidemment pas être à la traîne dans ce qui semble désormais une tendance lourde des retail parks. Le coup artistique vient en l’occurence de Digital Arti, qui promet rien moins que la plus importante installation d’œuvres numériques au monde. On attendra d’y être pour juger cette ambition sur pièce.
Même s’il s’agit ici de commerce, je ne me lasse pas de voir la ville se réinventer devant mes yeux grands ouverts. Pour tes inévitables connaissances qui ont cette fâcheuse tendance du « c’était mieux avant » (si si, tu en connais forcément), je te laisse avec deux photos de la Place Saint Louis et de la Place de la République, avant. Il n’y a même pas si longtemps. Alors si tu en es d’accord, attendons de voir.
J’ai longé à pied, pas plus tard que dimanche dernier, le chantier de ce fameux Polygon Riviera à Cagnes-sur-Mer. Et entrevu une présence artistique qui ornera le pilier/pivot d’une tour carrée ressemblant à une tour de contrôle (restaurant panoramique?).
L’ensemble est immense mais se marie plutôt bien à l’urbanisation empirique de la Côte d’Azur (souvent moche et mal pensée si ce n’était la simple déclinaison de l’appât du gain).
Reste qu’oeuvres d’art ou pas, cela ne me donne pas davantage envie d’y mettre les pieds que je ne l’ai fait pour Wave. Cela participe surtout d’une tendance à en rajouter dans la mise en scène et l’événementiel, comme si l’accumulation d’enseignes ne se suffisait pas à elle-même. Pour rendre le consommateur plus intelligent ou pour en attirer de plus intelligents et/ou fortunés ?
A moins que les investisseurs ne pensent s’inscrire ainsi dans la disposition légale du 1% artistique visant les… constructions publiques (mais combien doivent penser que ces centres commerciaux sont davantage des constructions publiques… qu’un Centre des Congrès par exemple ? Mais ceci est un autre sujet)