Ami lecteur, je suis un peu triste. Pas pour un truc grave grave, hein, loin de là.
Mais voilà. J’ai passé beaucoup trop de temps dans les bars, dans ma vie, sans doute. Gamin, j’y ai joué aux échecs et au flipper. Depuis, j’y lis le journal en buvant des cafés ou l’apéro, j’y refais le monde en buvant des bières, j’y amène des artistes après les concerts, j’y rencontre des gens par hasard ou parce que j’espère les y croiser, j’y foursquare, je m’y sens bien sans y boire, je m’y sens bien quand j’ai trop bu.
Aujourd’hui j’ai aperçu une info, grâce à la page facebook du Bar de la Comédie, que je fréquente assidûment (notamment parce qu’il est à 30m de chez moi, mais pas que). Un arrêté préfectoral met fin à une jolie spécificité locale : à Metz les bars pouvaient fermer à 2h en semaine et à 3h du matin le week end. L’arrêté en question avance tout cela d’une heure.
Ce n’est pas l’heure en elle même qui m’ennuie. 2h, 3h, 4h, après tout, osef un peu. C’est juste que peut être on a encore l’impression que les gens s’amusent trop. Là, maintenant, en France, en 2011, en pleine crise, avec une croissance nulle, des taux de chômage et de pauvreté qui avancent tranquillou, des efforts annoncés de droite et de gauche, il y a encore un type, visiblement secrétaire général de préfecture, qui se dit que la fête, à 2h du matin, ça fait trop de troubles dans l’ordre alors que si les gens pouvaient aller dormir ou se rendre gentiment dans des discothèques payer leurs bières 8€ ça serait pas plus mal.
Je ne sais pas quels ont été “les différents avis recueillis” indiqués dans l’arrêté ni le circuit de validation de cette décision. Je rappelle juste avant que l’envie ne te prenne d’envoyer des mails revendicatifs à la mairie que la préfecture est le représentant de l’Etat, pas de la ville, et qu’en l’occurrence la décision ne touche pas que Metz mais la Moselle. Ne pas se tromper de cible c’est toujours mieux.
Bon. Si j’étais d’humeur à faire une pétition ça donnerait peut être quelque chose comme ça, là en dessous.
Mais là, je suis juste un peu triste. Alors on verra plus tard.
« Considérant que dans le but de préserver la tranquillité, la salubrité et l’ordre publics, il est nécessaire de réglementer dans le département de la Moselle le fonctionnement des débits de boissons et restaurants tout en tenant compte de la liberté du commerce et de l’industrie ; »
« Dans l’ensemble des communes du département de la Moselle, les horaires sont fixés comme suit : les nuits du dimanche soir au jeudi soir inclus : 1 heure du matin les nuits du vendredi au samedi et du samedi au dimanche : 2 heures du matin “
Extrait de l’ARRETE n° 2011- DLP/1- 449 du 21 octobre 2011 relatif à la police des débits de boissons et des restaurants dans le département de la Moselle Direction des libertés publiques – Préfecture de la Moselle
Les bars sont parmi les rares espaces urbains de convivialité diurne bien entendu, mais également nocturne, espaces qui manquent aujourd’hui ailleurs dans la société, dans la ville et dans la vie. Les gens s’y retrouvent, s’y rencontrent, bavardent, débattent, jouent, boivent, fêtent.
Metz mise aujourd’hui sur le rayonnement touristique, qui profite largement à l’activité d’hôtellerie et de restauration locale. L’arrivée du Centre Pompidou-Metz a ainsi provoqué une impression de réveil dans une ville qui attendait juste un choc pour se sentir un peu plus vivante. Metz mise aussi sur les étudiants qui fréquentent son université, leur dynamisme, et plus généralement sur cette jeunesse qui est majoritairement cliente des soirées qui se terminent à des heures tardives.
Dans ce cadre, au delà d’un choix, forcément subjectif, des horaires en eux même (Pourquoi 1h du matin ? La tranquillité publique ne serait elle pas plus assurée en fermant les bars à 22 heures ?) et même si Metz bénéficiait en l’espèce d’une exception, c’est évidemment l’impression de recul d’une forme de liberté qui est désastreuse en terme d’image.
Enfin, restreindre les horaires de fermeture des bars c’est aussi restreindre plus tôt le nombre de personnes qui pourront faire la fête à ceux qui auront les moyens d’accéder à des lieux de nuit dont les entrées sont plus surveillées et les tarifs sont nettement plus discriminatoires.
Les autres n’auront plus qu’à rentrer chez eux. Et dans les temps présents et à venir, ce choix là est éminemment regrettable.
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